L'hôtel de ville de Garons est une ancienne résidence des évêques de Nîmes.
C'est en l'an 640, sous le règne de Tulga Roi des Wisigoths, que l'évêque Remessarius donna au diocèse de Nîmes son domaine de Garons qui dépendait autrefois de l'ancienne « villa » romaine de Scieure.
A l'emplacement de la mairie se trouvait déjà sa demeure et une église dédiée à Saint Estève, entourée d'un parc et de terres agricoles donnant des revenus conséquents. Paysans et bergers qui mettaient le domaine en valeur, occupaient des maisons du hameau.
Au cours des siècles, Garons servit de résidence occasionnelle aux évêques qui s'y reposaient ou surveillaient la marche de cette propriété de rapport.
En 1567, à la suite des troubles religieux qui opposèrent catholiques et protestants, le château de Garons fut rasé, les fossés comblés et les matériaux utilisés pour la construction de maisons particulières.
En 1658, Anthime-Denis Cohon qui fut à deux reprises évêque de Nîmes à la demande de Richelieu puis de Mazarin, fit reconstruire à ses frais le château et l'église (la chapelle actuelle) pour la somme de 25 000 livres.
C'est à lui que nous devons la belle demeure en pierre taillée qui a conservé des éléments architecturaux dignes d'intérêt. L'entrée extérieure ornée de pilastres et d'un fronton, les belles fenêtres aux encadrements de pierre, la gargouille d'angle portant les initiales entrelacées D.C. (Denis Cohon).
L'église accolée à la façade principale a conservé ses deux fenêtres en ogive et son œil de bœuf. Les évêques y accédaient depuis leurs appartements tandis que les fidèles entraient par une porte ouverte sur le jardin. Le bel autel de marbre est conservé dans une chapelle de l'actuelle église paroissiale.
A l'intérieur, la cage d'escalier est importante. Au rez-de-chaussée, trois salons en enfilade servaient de pièces de réception. La hauteur sous plafond et deux cheminées de marbre indiquent un certain apparat. La cave voûtée en pierre occupe la longueur du bâtiment principal. Eclairée de fenêtres en soupirail, elle servait peut-être de cuisine. La présence d'un puits toujours en service conforte cette hypothèse.
Enfin, toujours de cette époque, un des petits pavillons qui entoure le portail extérieur a été conservé et présente une élégante façade incurvée.
A la Révolution, l'église et le château épiscopal furent pillés et saccagés. Le curé Charles Truchement qui logeait au château, refusant le serment constitutionnel, dut s'enfuir. Comme tous les biens de l'Eglise de France, le château, son parc et le domaine furent vendus. Le 21 Décembre 1791, ils furent adjugés pour la somme de 70 000 Francs en assignats. Une possession de onze siècles prenait fin.
Depuis cette date, « le château de Garons » changea plusieurs fois de propriétaires. La chapelle servit cependant au culte catholique jusqu'à la construction de l'église paroissiale achevée en 1862.
Parmi les propriétaires, citons Maitre Edouard Rebuffat, notaire, qui fut Maire de 1885 à 1919, ainsi que Monsieur Edmond Dalmas.
En 1975, le Maire Xavier Tronc, saisit l'opportunité d'acheter l'ancienne résidence des évêques, sa chapelle et ses dépendances pour y installer les services de la Mairie.
Le château réaménagé est rénové et embelli régulièrement. Les salons et la cave accueillent de nombreuses manifestations et la chapelle est affectée au culte protestant.
Entouré de jardins, lieu de fête et de concerts, le château de Garons est désormais la Maison Commune des Garonnais.
Sources :
- Bulle du Pape Adrien IV - Ménard
- Histoire de Nîmes
- Monographies Paroissiales - Abbé Goiffon
- Archives Départementales et Communales
- Archives Paroissiales